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Pourquoi cet exercice et pas un autre?

Posted by Yvan_R sur 19 janvier 2009

[eng]

Please, please, please! Find the needs of your improv group before testing any exercise whatsoever.

[fra]

À l’entraînement, votre coach vous fait faire un exercice d’improvisation. Pourquoi cet exercice en particulier ?

  • parce que votre groupe a l’habitude de faire cet exercice (chaque semaine, chaque mois, c’est sa culture)
  • parce que votre groupe aime bien cet exercice
  • parce que votre coach aime bien cet exercice
  • parce que l’exercice est nouveau; votre coach planche sur l’attrait de la nouveauté
  • parce que l’exercice avait l’air bien dans le livre, dans le blog ou à l’autre atelier où on l’a vu mis en oeuvre
  • parce que l’exercice est drôle, qu’il vous fait rire, qu’il met en valeur les joueurs
  • parce que ça passe le temps

… ou tout simplement parce que le groupe a réellement besoin de cet exercice pour progresser?coach2

Je l’avoue, j’assiste rarement à des entraînements d’autres collègues. Mais je parle avec leurs joueurs; ou alors, je les vois diriger un échauffement des équipes juste avant un match. Et je me demande toujours la logique qu’il y a derrière tel exercice, la réflexion sous-jacente à tel enchaînement. Les joueurs me disent: mon coach nous fait faire des heures et des heures de mimes, je n’en vois plus l’intérêt. Ou alors on fait trois quart d’heure d’impro avec une petite critique juste après.

Bigre! On peut faire mieux que ça.

À la séance de préparation de saison, les nouveaux entraîneurs de la ligue demandent parfois aux plus expérimentés: est-ce qu’on pourrait avoir des listes d’exercices que vous faites avec vos groupes? Est-ce qu’il y a une base de données commune? Quels sites vous recommandez?

Comme si le travail du coach se résumait à « donner des exercices, et on verra ce qu’il en sort ».

Johnstone (encore lui, encore la figure paternelle, encore le gourou!) a développé sa réserve d’exercices parce que le groupe du Theatre Machine qu’il dirigeait en avait besoin. À force de buter contre des problèmes, il cherchait à entraîner des réflexes chez les comédiens. Les improvisateurs de votre équipe sont trop verbeux? Faites-les parler en charabia, pour les obliger à utiliser leur corps! Ils sont cabotins? Faites sortir l’improvisateur à chaque rire qu’il suscite dans le public!

Je veux dire, un entraînement se construit autour d’un besoin du groupe, non pas autour d’une liste d’exercices arbitrairement posée sur le papier pour faire quelque chose de « nouveau » ou de « rigolo » (je sais pas pour les votres, mais mes élèves ont beaucoup plus de plaisir lorsqu’ils apprennent vraiment quelque chose à l’entraînement). Le job de l’entraîneur, c’est aussi d’improviser des exercices parce que le groupe rencontre un obstacle imprévu.

Pour rebondir sur l’article de Cid de la semaine passée, le coach doit accompagner son élève jusqu’au « conflit cognitif » (pour qu’il soit prêt à accueillir l’enseignement), pour ensuite lui présenter des situations (exercices) qui lui permettront d’accéder à un nouveau niveau de réflexion. Cela suppose du coach une bonne capacité d’analyse de l’impro (d’où mes encouragements légendaires à se documenter le plus possible sur l’impro), et une capacité pédagogique qui lui permet d’inventer des exercices adaptés aux besoins du groupe.

Pour créer des exercices, Johnstone cite plusieurs manières d’aborder un problème / obstacle:

  • insister dessus en forçant l’improvisateur à la faute (pédagogie paradoxale) (pour enseigner l’acceptation, sortir les improvisateurs qui acceptent une idée; reproduire un tic pour en prendre conscience)
  • trouver une béquille didactique qui apprend l’élève à éviter l’obstacle « mécaniquement » (pédagogie plutôt béhavioriste) (pour enseigner l’acceptation, forcer l’improvisateur à des répliques exclusivement positives)

Les coachs d’impro ont donc encore fort à faire pour faire coïncider leur réservoir d’exercices et les besoins de leur groupe. Après, on peut encore aller plus loin dans la didactique, en tentant de jumeler l’apprentissage des principes de l’impro à l’entraînement des catégories de matches, ou la transformation d’exercices pour cibler une catégorie visée (un pote entraîneur me disait reprendre d’anciens entraînement en copie conforme en les faisant chanter à ses élèves, pour entraîner l’impro chantée; ma foi! si ça marche, pourquoi pas?).

Pour donner suite au partage sur l’entraînement du format « Match », j’ai envie de VOUS poser ma question d’introduction: est-ce que vos entraînements sont ciblés sur les besoins de votre groupe? Quels sont les arguments de votre coach pour proposer tel exercice?

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